Phallopoïèse (dite "phalloplastie")
La phallopoïèse (ou phalloplastie) consiste à créer un pénis >> voir les étapes de l’intervention.
Le choix de la technique peut être limité par des considérations anatomiques et chirurgicales. Les objectifs de la phallopoïèse sont à la fois esthétiques et fonctionnels, avec création d’un néo-urètre permettant d’uriner debout par un méat situé à l’extrémité du gland, rigidité suffisante pour permettre les rapports sexuels, et sensibilité de la verge.
Pour atteindre au mieux ces objectifs, la technique utilisée actuellement est le « lambeau radial antébrachial » où la peau de l’avant-bras est prélevée avec ses vaisseaux et ses nerfs, qui sont rebranchés par microchirurgie au niveau du pubis. Les autres techniques de phallopoïèse ne sont utilisées que si le lambeau radial ne peut pas être réalisé ; ces techniques sont plus simples mais ne permettent pas d’obtenir un aussi bon résultat fonctionnel et esthétique.
>>> Il faut néanmoins savoir que cette intervention ne permet pas d’obtenir d’excellents résultats dans tous les cas, mais dans deux cas sur trois environ. Les complications urinaires, les problèmes de sensibilité et d’armature compliquent en effet un tiers des cas environ.
Avant l’intervention
Consultations de chirurgie.
- Consultation d’anesthésie.
- Photographies médicales.
- Bilan radiologique (échographie-doppler des avant-bras) afin d’évaluer le réseau vasculaire du lambeau.
- Prescription de chaussettes anti-thrombose.
- Epilation complète et définitive de l’avant-bras au laser.
- Arrêt strict et obligatoire du tabac pendant 6 mois avant et 1 mois après l’intervention, pour réduire le risque de nécrose du lambeau, qui est très important en cas de tabagisme.
- Arrêt de la prise d’aspirine, d’anti-inflammatoires, ou d’anticoagulants oraux dans les 15 jours qui précèdent l’intervention, afin de réduire le risque de saignement pendant la chirurgie.
L’intervention
- L’intervention est pratiquée sous anesthésie générale, à double équipe (chirurgiens plasticiens et urologues) et dure de 6 à 10 heures environ.
- Le pénis est reconstruit (phallopoïèse) par un lambeau antibrachial radial qui est prélevé au niveau de l’avant-bras, avec les vaisseaux radiaux et des nerfs sensitifs. Une partie de la peau du lambeau sert à construire l’urètre, et l’autre partie la partie extérieure de la verge et le gland. Les vaisseaux et nerfs du lambeau sont suturés par des techniques de microchirurgie sur des vaisseaux et nerfs de la région receveuse. L’urètre du lambeau est suturé sur l’urètre natif, qui est allongé jusqu’à la région du pubis.
- Le vagin est reséqué (vaginectomie) et les grandes lèvres sont transposées pour faire un scrotum (scrotoplastie).
- La création chirurgicale d’un aspect de gland à l’extrémité de la néo-verge peut être réalisée soit lors de l’intervention initiale soit quelques mois après.
Après l’intervention
- L’hospitalisation dure environ 3 semaines.
- Les urines sont d’abord évacuées par une sonde urinaire pendant environ 15 jours.
- La position couchée doit être conservée pendant 5 à 10 jours environ.
- Le traitement préventif des thromboses veineuses fait appel aux anticoagulants, aux dispositifs de compression et à la mobilisation précoce (mise place d’un dispositif de compression pneumatique intermittente pendant l’intervention et pendant la durée de l’alitement, traitement anticoagulant, port de chaussettes anti-thromboses.
- Arrêt de travail de 2 mois environ.
- Arrêt des activités sportives de 2 mois environ.
Risques
Parmi les complications spécifiques de cette intervention :
- Thrombose artérielle et/ou veineuse du pédicule du néophallus : Cela signifie que l’artère et/ou la veine du lambeau sont bouchés. Une réintervention sous anesthésie générale est alors nécessaire de toute urgence pour tenter de sauver le lambeau, privé de son sang.
- Nécrose du lambeau, partielle ou totale, liée à la thrombose de ses vaisseaux : elle peut être partielle ou totale. Les nécroses importantes sont exceptionnelles. Le tabagisme est une cause importante de ces nécroses, devant motiver l’arrêt pré-opératoire de la cigarette.
- Nécrose de la greffe de l’avant-bras, partielle ou totale qui nécessite parfois une nouvelle greffe.
- Sténose (rétrécissement) ou fistule (fuite au niveau de la peau) de l’urètre à la jonction entre l’urètre du lambeau et l’urètre périnéal reconstruit. Elle peut conduire à des réinterventions. Dans la plupart des cas on peut obtenir un urètre fonctionnel, parfois au prix de plusieurs chirurgies.
- Insensibilité plus ou moins importante de la verge. Malgré la suture microchirurgicale des nerfs du lambeau sur les nerfs sensitifs du clitoris et de la région du pubis, la repousse nerveuse est un phénomène long (plusieurs mois) et aléatoire.
Il n’est pas toujours possible de réaliser l’implantation ultérieure des implants péniens et testiculaires en raison d’éventuelles complications locales, ou de la persistance d’un défaut de sensibilité de la verge reconstruite.